Ce n'est pas un hasard si Francesca, notre héroïne, s'appelle Cigalone : elle et son mari, Martin, vivent dans l'insouciance sans bien se rendre compte qu'ils sont de plus en plus cernés par un univers hostile et froid.Ils ne sont pas en phase avec une époque qui remplace les bistrots par des agences bancaires, les librairies par des boutiques de fringues et où les banquiers veulent enseigner aux enfants la spéculation boursière au lieu de leur apprendre le latin.Francesca gagne sa vie comme elle le peut. Comédienne, danseuse, elle fait des doublages tout en initiant les cadres supérieurs stressés et les PDG angoissés à la respiration mentale. Martin est professeur de cinéma dans une université. Comme on dit aujourd'hui, ils n'ont pas d'emploi marchand. Ce sont des rêveurs. Leur appartement lui-même est un rêve. Il est immense, on pourrait y circuler à bicyclette et il ne leur coûte presque rien, parce qu'il est encore sous l'emprise de la loi de . Un appartement surpeuplé dont ils ont fait un lieu d'asile et où ils accueillent tous ceux qui ont besoin d'un foyer pour survivre : leurs enfants ballottés par la vie, la soeur de Martin aux amours impossibles. Et surtout Adrien, un metteur en scène qui a fait de ce Grand Appartement son bureau, son studio et sa garçonnière. Egocentrique, avare, goinfre, il vit depuis cinq ans aux crochets des Cigalone en jouant de son charme et de sa légende.Le bonheur, mais un bonheur menacé.Le système ultra-matérialiste qui les entoure les avait oublié, mais l'inéluctable survient : la propriétaire, Charlotte Falingard, une impérieuse quadragénaire, veut récupérer son appartement. Elle a engagé une procédure. La justice lui donne raison. Un tribunalordonne aux Cigalone de déguerpir sous huitaine. C'est Francesca qui prend les choses en mains. Découragé par les tarifs et la rapacité des avocats, elle se souvient qu'elle a fait deux années de droit et décide d'assurer elle-même la défense de tout son petit monde...